Carnet de route

Rencontre avec Quentin - 1/5

Le 20/03/2020 par MB

1er"épisode" de cette rencontre avec Quentin...

Au sommaire:

  • L'appel de la montagne
  • Vivre montagne en habitant au Havre
  • Grimper: compétition et/ ou montagne

 

L’appel de la montagne

La découverte de la montagne

« Avec mes parents, depuis l’âge de 3 ans, j’ai toujours fait des randonnées en montagne, j’ai toujours fait des treks, le tour des glaciers de la Vanoise, des treks à la Réunion… J’ai toujours aimé marcher, découvrir… Je trouve que, quand on se déplace en marchant, quand on monte des montagnes, on découvre des choses que pas beaucoup de gens ont la possibilité de voir, je trouve que c’est toujours sympa de partager et de découvrir ces milieux-là. »

Et l’escalade ?

 « J’avais fait une sortie en CE1 en classe verte où j’ai découvert l’escalade et là, ça m’a beaucoup plu – et quand je suis revenu j’ai dit à mes parents que je voulais faire de l’escalade. Mes parents m’ont dit : "au Havre ?! Y a pas de montagne ! On ne va jamais faire de l’escalade au Havre !" On s’est renseigné… On est tombé sur le Club Alpin, et puis, de fil en aiguille j’ai connu des gens - Eric Muller, Didier avec qui j’ai partagé, mon beau-frère Benjamin… Eux ils m’ont poussé, ils m’ont fait évoluer dans mon niveau, dans ma façon de voir les choses… »

« Je ne suis jamais allé à l’école d’escalade, car, quand je me suis inscrit, il n’y avait pas de place à cette époque-là. A l’inscription avec ma mère, on nous a dit, il peut aller au créneau "adultes" mais il lui faut un adulte encadrant référent… » C’est le père de Quentin qui s’est d’abord inscrit puis le reste de la famille (mère et sœur) ont suivi un peu plus tard.

Découverte de l’alpinisme

A l’âge de dix ans, Quentin « allie (ses) deux passions » : la grimpe (tant en salle qu’en falaise) et la montagne lors d’un séjour estival à Pralognan proposé par le club et organisé par Eric. Quentin fait sa première ascension glaciaire et découvre l’alpinisme. Ascension du glacier de Péclet Polset, nuits en refuge, traversée des arêtes des aiguilles de Mey…  « C’était une découverte (de la montagne) dans tous ses angles (…) c’était épique aussi de voir ce qu’on découvrait… La montagne… et puis j’alliais la randonnée qu’on pouvait faire traditionnellement avec mes parents sur des GR à aller sur des sommets qu’on voyait autour des GR…  Alors c’était vraiment allier l’escalade et la randonnée »

Et Quentin devient "accro"…

« Voilà j’ai fait ça et c’est devenu un peu entre guillemets une drogue. » Par la suite, Quentin supporte mal de partir en vacances ailleurs qu’à la montagne – la vraie montagne avec ses neiges éternelles et ses glaciers. Aller en Corse lui paraît fade : certes il y a la montagne, mais si peu de neige et pas de glacier ! Alors il préfère les vacances à la montagne, la vraie : « Faire quelques sommets avec Didier, le Pic de la Grave, des sommets comme ça dans différents secteurs, toujours à essayer de voir si ça me plaît, de tenter des choses, toujours à essayer de monter toujours plus haut… » 

« Toujours plus haut… Toujours plus dur… »

« Toujours plus haut… Toujours plus dur… Maintenant certains me disent : "à quand l’Everest ?" Mais ce ne sont pas forcément des projets, ça peut être des projets à long terme… Mais l’Everest c’est vraiment hyper dur… Moi, ce qui me plaît, c’est d’aller sur un sommet où peu de personnes peuvent aller et de profiter du moment présent– j’ai fait le Mont Blanc parce que c’est mythique et parce que je voulais absolument le faire – c’était un projet comme je disais... A 10 ans j’en ai parlé à Éric et Didier – donc c’était un projet que je voulais concrétiser, ça me tenait vraiment à cœur… Pour moi c’étaient des mentors, Eric et Didier, c’étaient des mentors dans l’alpinisme – pour moi l’alpinisme c’est quelque chose qui se transmet de génération en génération. »

Quentin constate cependant l’évolution dans l’alpinisme au fil des générations, évolution renforcée par les changements climatiques – ainsi ce qu’il transmettra lui, sera nécessairement différent de ce qu’on lui a transmis…

« Pour moi, c’est vraiment transmettre du savoir et de l’envie – parce que quand on fait de la montagne c’est l’envie – parce qu’il y a certaines souffrances quand même… »

Désir de transmettre et transmission de désir !

 

Vivre montagne... en habitant au Havre!...

« Pour moi, c’est une philosophie la montagne, je vis montagne chaque jour ».

Quentin pense à ses projets, il les élabore, il consulte et étudie la météo – et ce d’autant que le projet est proche de sa concrétisation. En juin par exemple il constitue un petit carnet météo et suit de près l’évolution de la neige et de la glace : « imaginer comment la glace et la neige vont être à telle, telle, telle altitude et pour essayer de voir les dangers qui vont se passer ».  Quand il grimpe, il pense montagne. En fait les activités qu’il pratique concourent pour nombre d’entre elles à la concrétisation de ses projets montagne – par exemple quand il s’entraîne en course à pied. « En fait chaque chose que je fais est centré sur la montagne. Chaque sacrifice que les gens pourraient voir est centré sur la montagne ». La montagne « c’est une passion ». Passion qui est moteur !

Ainsi l’éloignement de la montagne n’est pas un frein : « s’il y a des personnes motivées on peut faire de la montagne, on peut pratiquer la montagne ». Il cite l’exemple du guide qui les encadre au « Pôle Espoir » : Ludovic Seifert est guide de haute montagne, « montagnard de base » (originaire de Haute-Savoie) et il est venu s’installer en Normandie où il est enseignant chercheur à l’Université de Rouen en STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) : « sa recherche l’a mené à Rouen ; et lui, son envie, c’est de faire découvrir la montagne justement… »

Grimper: compétition et/ ou montagne?

Alors que Quentin a fait beaucoup de compétitions tant qu’il pratiquait du basket, il n’a jamais été attiré par la compétition en escalade. Il a bien participé à un ou deux opens d’escalade lorsqu’il était plus jeune mais rien de plus – peu lui importait son classement, ça ne le motivait pas. « Dès le début, je disais que je ne ferais pas de compétition, je ferais de l’escalade pour mon plaisir et pour l’escalade-partage. » Quentin ajoute qu’il n’avait pas envie de se montrer, de se mettre en avant, être 1er, 2e, 3e, 4e… peu lui importait... Cependant Quentin grimpe, s’entraîne pour avoir un certain niveau, « un bon niveau » et maintenir ce niveau – malgré les problèmes de santé ayant nécessité des opérations aux avant-bras et qui l’ont peut-être « bridé dans (son) niveau et (son) évolution à un certain moment ». Mais ce niveau lui permet également de faire davantage en montagne. « L’alpinisme c’est ma compétition de l’année » plaisante Quentin qui ajoute : « Je vais m’entraîner un an, comme j’ai pu m’entraîner un an pour le Mont Blanc ou pour d’autres sommets, et pendant un an, je vais travailler le cœur les avant- bras, je vais travailler… les placements, les choses comme ça, et quand j’arriverai en montagne ce sera l’accomplissement (…), je veux monter, me faire plaisir en arrivant au sommet… » D’autre part la compétition ce serait plus contre lui-même : « on se met des défis, on cherche à les réaliser… »

Quentin s’intéresse cependant à la compétition, aux stratégies développées par les compétiteurs, il aime regarder des compétitions et trouve ça « bien » que l’escalade entre aux JO. La compétition permet de faire évoluer l’escalade, remarque Quentin. D’autre part l’escalade s’ouvre au grand public, les salles se développent, il y a de plus en plus de pratiquants : « c’est en train de monter, monter, monter ; mais peut-être que le côté alpinisme est en train de perdre, les gens se focalisent sur la salle et les murs. » Quentin poursuit : « Mais le CAF c’est avant tout un club alpin, c’est la montagne. » Il est inscrit dans un « club alpin » plutôt qu’un club FFME car d’emblée la montagne l’intéressait. Cependant « il n’y a pas le grimpeur sportif et le grimpeur montagne – on est une fédération, on est ensemble et après, c’est le partage et la découverte, (…) on essaie de faire découvrir les uns les autres. »

D’autre part, l’escalade, la montagne obligent à rester humble : « un jour on peut être puissant et le lendemain nul ; c’est quelque chose qui est propre à l’escalade, vous allez grimper la voie, le lendemain si elle est encore là, vous n’allez peut-être pas la passer… Et ça, c’est pareil pour la montagne. »

A suivre…







CLUB ALPIN FRANCAIS LE HAVRE
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